Jeudi 5 avril 2018
L’office du second Surveillant
Nous venons d’introduire une deuxième séance de travail par mois, forts du constat qu’une rencontre mensuelle – soit plus ou moins neuf Tenues annuelles en tenant compte de la pause estivale –, c’est insuffisant, d’autant plus que notre “jeune” Loge commence à procéder à davantage d’initiations, promotions au deuxième Grade (Compagnons) et élévations au troisième (Maîtres). Que reste-t-il pour la réflexion en dehors des instructions pour Apprentis et Compagnon? Ajoutons les deux cérémonies de Saint-Jean et la séance administrative annuelle, et l’année va cruellement manquer de mois!
Cette deuxième rencontre mensuelle se fait en semaine, le soir, dans la salle de réunions d’un établissement public, en vêtements de ville et sans rituels, autour d’une table. Ce n’est pas une raison pour se comporter comme au “Café du Commerce”: celui qui souhaite prendre la parole doit donc la demander, ce qui évite que l’un ou l’autre parle à tort et à travers aux dépens des autres, voire leur coupe la parole; nous sommes des hommes civilisés, des Frères, des Initiés, soit, mais le naturel a parfois tendance à revenir au galop!
C’est donc notre second Surveillant qui lance la discussion avec une petite Planche (une feuille sur laquelle il a couché ses réflexions) qui énumère ses devoirs: sur le “chantier du Temple” où nous travaillons en Tenue, il surveille les Apprentis, et se charge de leurs instructions en dehors desdites Tenues. Par instruire, il faut entendre outiller, équiper, et bâtir, dresser, comme aux origines étymologiques du mot. Autrement dit, il ne s’agit pas d’asséner des vérités à la manière des doctrines, mais de donner aux Apprentis les moyens de découvrir (au sens de retirer ce qui recouvre) la vraie nature des choses – comme de soi-même – sous leur apparence trompeuse. Un peu à la manière socratique de la maïeutique, l’art de faire accoucher – des idées, il s’entend. Nous appuyant sur cette présentation, la discussion part sur le rôle psychanalytique que l’initiation peut revêtir – et non pas doit. Il est question aussi du solve alchimique nécessaire aux Apprentis et Compagnons, soit la dispersion des idées, des sentiments, des questions, des recherches… avant le coagula non moins nécessaire. Nous examinons mentalement les symboles présents dans la Loge au premier degré, leur disposition, leur orientation, et tentons d’y trouver du sens – c’est le cas de le dire –, notamment en comparant tout cela aux temples et chantiers y relatifs de l’Antiquité.
Plus d’une heure d’échanges aussi intensifs que constructifs qui procurent à chacun un sentiment de plénitude. Une légère agape viendra couronner cette soirée en toute simplicité et fraternité, permettant de creuser encore ces questions, ou alors de partir sur des sujets purement profanes.